François Hartog
« J’ai éprouvé une grande lassitude après 1968 »
Ancien élève du lycée Pasteur à Neuilly-sur-Seine puis de l’ENS à Paris, l’historien François Hartog est né en 1946 à Alberville. Issu d’une famille de la moyenne bourgeoisie, c’est en hypokhâgne au lycée Louis Le Grand qu’il fait la découverte de la vie intellectuelle et politique. Il éprouve une grande lassitude après 1968. Deux ans plus tard il fait la connaissance de Jean-Pierre Vernant (1914-2007) et s’oriente vers l’histoire ancienne. En 1992, au cours d’un séjour à Berlin, une ville pleine de trous, il est fasciné par les discordances temporelles et commence à réfléchir sur ce qu’il appellera les régimes d’historicité : la manière dont nous vivons le temps historique.
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« Ce n’est pas en Occident que se formulera une autre vision de l’Histoire »
Comment expliquer le basculement qui nous a fait passer au début des années 1970 de l’Histoire à la Mémoire ? De l’ère des grands acteurs à celle du témoin et de la victime ? L’historien s’appuie sur deux oeuvres d’art pour nous l’expliquer. Le tableau du peintre Alexandre Veron-Bellecourt à la gloire de Napoléon en 1806. La sculpture créée par Anselm Kiefer en 1989, intitulée l’Ange de l’Histoire. Foi dans le futur, dans l’universel, d’un côté, Histoire figée de l’autre, fin de l’Europe comme centre. Désormais l’Histoire s’écrit au pluriel. Est-ce définitif ? L’Histoire le dira !
François Hartog
« On ne peut plus soutenir qu’il y a un progrès de l’humanité »
Où en sommes nous avec le Temps ? Nous sommes passés d’un temps où le futur était la catégorie dominante, celui d’une modernité valorisant vitesse et progrès, à un autre où le présent est venu occuper la première place. Au point d’annuler le futur, à l’image du Comité invisible, qui dans son manifeste, Maintenant (La Fabrique, 2017), déclare : « demain est annulé ». Pour comprendre cette mutation, l’historien ausculte le temps chrétien d’où notre monde est sorti, s’intéresse aux Apocalypses, et s’interroge sur le nouveau futur qui s’annonce, avec le réchauffement climatique. Une vraie leçon d’Histoire !