Pierre-Henri Castel
« Mon grand-père m’a transmis le sens de la fragilité humaine »
Pierre-Henri Castel est né à Paris en 1963. Il a grandi à Reims, où il fut élève du Collège Saint-Joseph, tenu par des jésuites qui l’encouragèrent à la philosophie. Normalien, agrégé de philosophie, il a enseigné la littérature comparée à l’université Columbia, à New York et passé ensuite deux ans en Afrique Australe, avant de soutenir une thèse avec Derrida. Il entame une première analyse à la fin des années 1980. À 36 ans, il devient chercheur au CNRS et participe à son projet de développer une sociologie de la santé mentale. Il déploie depuis une sociologie historique de l’individualisme d’une totale originalité.
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Le Mal Absolu, «pire que le mal»
Il appartient à la psychanalyse de remettre la pulsion de mort au cœur de ses préoccupations et, dans ce but, de se pencher sur le Mal radical aujourd’hui. Car le Mal absolu, c’est celui qui vient : le pire, c’est ce dont l’avenir est gros, ce dont la crise écologique globale est un indice sûr. Mais pour envisager ce futur terrifiant, Pierre-Henri Castel chausse les lunettes de Sade : il examine la possibilité d’une volonté toujours plus cynique d’accélérer, pour en profiter, la course à l’abîme. Inégalités et injustices, haine du savoir et misère des jouissances privées soulèvent alors la question des moyens de préserver le processus de civilisation.
Pierre-Henri Castel
L’autocontrainte : face cachée de l’autonomie ?
De coupable qu’il était, mais aussi, moralement accompli, l’individu est devenu impuissant, mais aussi, épanoui, voire « cool ». C’est à comprendre ces mutations que Pierre-Henri Castel s’est attelé. De nouvelles structures psychiques ont ainsi vu le jour, en parallèles aux nouvelles structures sociales. Un fil conducteur, apparemment ténu, c’est le remplacement de la névrose obsessionnelle inventée par Freud par les troubles obsessionnels-compulsifs, mais aussi de la psychanalyse par les thérapies cognitivo-comportementales. En réalité, l’élucidation des souffrances intérieures les plus secrètes et l’évolution de leur traitement, s’avèrent une voie décisive pour comprendre l’individualisme contemporain.