Raphaëlle Branche
« Ma génération fut d’abord celle des archives »
Née à Paris en 1972, l’historienne de la guerre et des violences en situation coloniale Raphaëlle Branche a grandi dans un petit village des Hauts-de-France dans un milieu féministe. Elle a fait ses études à Paris au Lycée Louis-Le -Grand puis à l’ENS de Fontenay-Saint-Cloud. L’assassinat de Malik Oussekine (1964-1986) par des policiers, l’éclatement de la Yougoslavie, la guerre civile algérienne, ont marqué sa jeunesse. Elle soutient sa thèse sur les violences illégales perpétrées par l’armée française lors de la guerre d’Algérie en 2000.
Toutes les vidéos de cet auteur :
«J’ai voulu faire une typologie de tous les silences»
Loin de limiter le mutisme des appelés en Algérie à sa dimension pathologique et mono causale, l’historienne Raphaëlle Branche analyse le silence comme une relation entre différents membres d’une même communauté ou même famille. Ainsi, les silences prennent parfois l’aspect d’un secret gardé pour soi, mais peuvent être aussi révélateurs de cohésion, ou bien d’un héritage inconscient qui franchit la barrière des générations. Une belle leçon de probité.
Raphaëlle Branche
«Comment parler du viol en temps de guerre»
Ayant constaté au milieu des années 1990 un impensé du travail historique sur la question des viols en temps de guerre, l’historienne insiste depuis sur la nécessité de ne pas les euphémiser, de restituer cette violence qu’elle décrit comme « relationnelle », autant du point de vue du groupe d’agresseurs que de l’ensemble des victimes. Ses recherches contribuent ainsi à lutter contre le caractère « inéluctable » du viol en temps de guerre, ou de paix ?