Comme la nation, la civilisation est un mot-valise. Ce qui pose problème avec ce vocable, c’est le passage du singulier au pluriel qui s’opère aux alentours de 1850. La civilisation, cela désigne le progrès au sens large. Les civilisations, cela désigne un ici et un là-bas. Un éclatement dans l’espace. L’idée, tout simplement, qu’il existe plusieurs civilisations. Et pas une seule ! Or on sait depuis Paul Valéry que les civilisations sont mortelles. On le savait avant, mais en 1919 l’Amérique était pour lui une projection de l’Europe. Tandis que de nos jours l’Europe est une projection de l’Amérique. Et qu’il est incongru de parler de civilisation française. Tant le désir d’être américain, selon Debray, est prégnant dans notre pays.
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«Les Champs à contrechamp»
L’historienne Ludivine Bantigny nous raconte par le menu l’histoire sociale et politique des Champs–Élysées de Louis XIV aux Gilets Jaunes. Elle nous conte l’histoire de l’Arc de Triomphe commandé par Napoléon I et achevé en 1837 ; évoque le rite de la flamme que l’on ranime chaque jour ; les moments de célébration militaire et le massacre d’État perpétué le 17 octobre 1961 contre les Algériens. Nous découvrons, en sa compagnie, la face cachée de « la plus belle avenue du monde ».
«La perte n’est pas le dernier mot de l’histoire»
Le consolateur est toujours cet autre qui ouvre un nouvel horizon. La perte, le chagrin, la tristesse sont aussi des protestations contre l’état de fait. Il y a des pertes individuelles, mais aussi collectives. Il faut se consoler de la perte de Dieu et des idéaux progressistes. La consolation n’est pas pour autant une réconciliation avec le monde tel qu’il est. Reste à savoir comment reconstituer un collectif “consolé”.
«L’impartialité n’est pas toujours une qualité»
Pourquoi parler de care plutôt que de soin ou de sollicitude ? Pourquoi utiliser un terme anglophone ? Le concept recouvre tout d’abord une action, “Take care/s’occuper de”, puis une disposition morale : une attention particulière à autrui. Le care insiste sur la sensibilité, la non-objectivation, et touche aujourd’hui à des domaines aussi variés que la politique ou l’environnement.
«Le corps bronzé, musclé, n’est que le costume de la santé»
Quel regard portons-nous sur la maladie dans une société qui réclame des corps sains ? Pour la philosophe Claire Marin, le corps malade est l’objet d’un rejet inacceptable de la part des biens portants. Il est aussi souvent dévalorisé par le regard médical qui le considère objectivement. Remédier à ces carences passe selon Claire Marin par des formes de soin mieux adaptées, et un nouveau regard sur la maladie.