Achille Mbembe
«Penser c’est respirer»
Né en 1957 dans la campagne camerounaise, Achille Mbembe est très tôt traversé de courants multiples. Après une enfance marquée par une grand-mère illettrée à qui il lit la Bible tandis qu’elle lui transmet des contes traditionnels, et un père travailleur de la terre, il apprend les langues anciennes auprès de missionnaires, puis s’inscrit aux Jeunesses Etudiantes Catholiques avant de poursuivre ses études universitaires à Yaoundé. S’ensuivent la Sorbonne, puis Colombia à New-York, où il devient professeur, Dakar, et enfin Johannesburg, qu’il conçoit comme un carrefour de civilisations, un « chaudron de fabrique », à l’image de sa pensée : vaste, complexe et flamboyante.
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«Aucune restitution ne sera suffisante»
S’il est l’inventeur du terme « Post-colonie », Achille Mbembe refuse cependant l’appartenance aux études « Post-Coloniales ». Sans en rejeter la nécessité, il y perçoit néanmoins une forme de cloisonnement dans l’identité et la différence, là où il promeut une philosophie du semblable et de l’en-commun. Selon lui, il faut reconnaitre les restes de la colonisation occidentale en Afrique (les « crypto-colonies ») afin de se déterminer à nouveau et d’envisager la possibilité d’une réécriture échappant à la répétition et au ressentiment. Il désire ainsi libérer les puissances de circulation pour réaliser cette Afrique à « fuseaux multiples » qu’il appelle de ses vœux.
Achille Mbembe
«Les humains ne sont pas les maîtres de la terre»
Concept inventé par les anthropologues occidentaux de la fin du XIXe, l’Animisme serait une forme de religion constituée de croyances infantiles, et qui se devait d’être abandonnée au fur et à mesure que l’humanité entrait dans l’âge adulte, c’est-à-dire celui de la raison. Au contraire, Achille Mbembe en fait le pivot d’une « cosmologie élargie » où les êtres humains reconnaitraient enfin leur interdépendance avec leurs voisins animaux, minéraux et végétaux. Cela permettrait ainsi de s’opposer à un autre animisme, contemporain celui-ci, capitaliste en diable, résolument tourné vers la production infinie des objets et le calcul de tout ce qui existe.