Décider de son travail, c’est la condition pour qu’il ait réelle valeur anthropologique. Pour Bernard Friot, trop de temps militant est consacré à la gestion de la « souffrance au travail » née de sa pratique aliénée. L’auto-organisation des travailleurs sur leur travail concret et sur les choix de création monétaire, d’investissement, d’inscription dans la division internationale du travail, doit devenir le cœur de l’action collective si nous voulons sortir le travail de la folie dans laquelle l’entraîne le capitalisme.
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« On ne peut plus soutenir qu’il y a un progrès de l’humanité »
Où en sommes nous avec le Temps ? Nous sommes passés d’un temps où le futur était la catégorie dominante, celui d’une modernité valorisant vitesse et progrès, à un autre où le présent est venu occuper la première place. Au point d’annuler le futur, à l’image du Comité invisible, qui dans son manifeste, Maintenant (La Fabrique, 2017), déclare : « demain est annulé ». Pour comprendre cette mutation, l’historien ausculte le temps chrétien d’où notre monde est sorti, s’intéresse aux Apocalypses, et s’interroge sur le nouveau futur qui s’annonce, avec le réchauffement climatique. Une vraie leçon d’Histoire !
«Le concept de temps est devenu un fourre-tout !»
Une mauvaise tumeur est à l’origine du profond intérêt qu’Étienne Klein accorde au Temps. Tandis qu’un médecin lui prédit une mort certaine, il signe une décharge et s’enferme deux mois pour écrire son premier livre, Conversations avec le Sphinx (1991). Il découvre alors un nouveau rapport au temps et se pose une question qui le poursuivra : quel rapport existe-t-il entre le temps vécu et le temps des physiciens ? Question restée sans réponse. Pas plus que celle de savoir si le temps s’accélère, qui fait fi de l’idée que le temps passe son temps à ne pas passer, un sentiment qui est reparu durant le confinement. Et dont il faudrait retenir cette leçon : ne plus jamais dire, « je n’ai pas le temps » !
«Il n’est pas trop tard !»
“Tard” peut désigner le moment dans lequel nous vivons, un moment “fatigué”. Mais c’est le nôtre, et il faut bien lui trouver quelque éclat, pour ne pas consentir à une philosophie qui construit notre propre impuissance. L’histoire ne peut pas faire le catalogue désolé des évènements qui arrivent trop tard. Elle donne à voir, elle rend visible ce qui ne l’était pas, elle renforce notre imagination. Les adultes ont donc le devoir de dire à la jeunesse qu’il n’est pas trop tard.