Lorsqu’il imagine au début des années 1980, ce qui deviendra en 1984, la monumentale publication chez Gallimard des « Lieux de mémoire », l’Histoire de France avait le vent en poupe. L’historien, raconte Pierre Nora, était français, l’homme de la mémoire était juif. C’est de cette symbiose, qu’est née ce qui demeure une des plus grandes entreprises historiennes du siècle dernier.
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«Le procès d’Aix en 1978 fut la préhistoire de Metoo»
C’est en 1978, au procès d’Aix, que fut posée pour la première fois, grâce à Gisèle Halimi, la question du consentement. Puis, dans la foulée, une définition précise du viol. Et c’est en 1990 qu’un arrêt fut rendu reconnaissant qu’un mari puisse violer sa femme. Avec Metoo, un saut qualitatif est franchi. La honte change de camp. Mais, selon la sociologue, prenant acte de l’affaire Shaina, ce mouvement ne doit pas s’arrêter aux portes des quartiers populaires.
«Je peux me rendre malade d’être malade !»
Devant l’explosion des maladies chroniques, il est urgent de changer notre rapport à la médecine curatrice. Car il ne s’agit pas seulement de guérir, mais d’accompagner le malade dans son traitement. Le médecin doit ainsi apprendre à se décentrer, écouter son patient, converser avec lui. Et face au malade non observant, se demander : ferais-je mieux que lui ?
« Pour Montaigne, la philosophie n’est pas une doctrine, mais une activité »
Lire Montaigne, c’est comme rencontrer un ami. L’écrivain est admirable, l’homme est attachant : c’est un génie sympathique. C’est le plus chinois des penseurs occidentaux ! Conservateur par bien des aspects, il est à la fois un relativiste et un universaliste. Peu amène envers les femmes, Marie de Gournay (1565-1645), féministe avant l’heure, fut néanmoins sa « fille d’alliance ». Et la vraie sagesse chez lui se résume ainsi : « pour moi, donc, j’aime la vie ».
Le Mal Absolu, «pire que le mal»
Il appartient à la psychanalyse de remettre la pulsion de mort au cœur de ses préoccupations et, dans ce but, de se pencher sur le Mal radical aujourd’hui. Car le Mal absolu, c’est celui qui vient : le pire, c’est ce dont l’avenir est gros, ce dont la crise écologique globale est un indice sûr. Mais pour envisager ce futur terrifiant, Pierre-Henri Castel chausse les lunettes de Sade : il examine la possibilité d’une volonté toujours plus cynique d’accélérer, pour en profiter, la course à l’abîme. Inégalités et injustices, haine du savoir et misère des jouissances privées soulèvent alors la question des moyens de préserver le processus de civilisation.
«De grands soirs aux petits matins»
En 1968, le temps s’est arrêté. Le 13 mai, 10 millions de personnes ont arrêté de travailler. Déjà en 1967, l’usine de Rhodiacéta à Besançon, filmée par Chris Marker, s’était mise en grève. Après avoir sillonné toute la France, exhumé les archives de police, l’historienne nous parle de l’importance de l’internationalisme, s’étonne que tous les leaders de l’époque soient des hommes et s’interroge sur le rôle du Général de Gaulle. Une plongée inédite dans « le rire de mai ».